Outch ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit d’article sur le cinéma ou sur un coup de cœur littéraire. Voilà qui remet les pendules à l’heure.
Aujourd’hui, petite review d’un livre qui a beaucoup fait parler de lui en 2020, j’ai nommé « Tout le bleu du ciel » de Mélissa Da Costa. Étrange une lecture comme celle-ci pour moi qui suis plutôt friand d’histoires horrifiques ou autres thrillers psychologiques habituellement… Et pourtant, quel livre ! Que d’émotions ! Attention spoilers !
Résumé : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple. Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis.
À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile. Source : babelio.com
Pourquoi avoir choisi ce livre ?
J’ai entendu parler de celui-ci via les médias qui en faisaient des critiques pour le moins dithyrambiques. C’est ainsi que je me retrouve à regarder quelques avis sur le web et je remarque que la grande majorité des commentaires sont unanimes : ce livre vaut le coup d’être lu ! Finalement je me suis dit « mais qu’est-ce que je ferais, moi, si j’apprenais qu’il ne me reste que deux ans à vivre ?».
Un duo… insolite mais attachant !
Emile se décide donc à partager un dernier périple en compagnie de la personne qui donnera suite à l’annonce qu’il a passée pour l’accompagner. Et celle qui répondra à son invitation, c’est Joanne, une jeune femme mystérieuse et disons-le, absente à elle-même. C’est parti pour une virée en camping-car vers les Pyrénées sans destination précise avec pour seul but de partir loin d’un quotidien oppressant !
Au fur à mesure de l’aventure, la jeune femme se dévoile et la relation entre Emile et Joanne va évoluer, jusqu’à les rapprocher et même les faire tomber amoureux. Cul-cul vous dites ? Et bien pas du tout ! Ils sont là l’un pour l’autre, se rassurent mutuellement, explorant les souvenirs de chacun et avançant au gré du vent et du temps. D’autant que la maladie d’Emile va se montrer de plus en plus présente, avec des pertes de mémoires récurrentes qui vont venir troubler le voyage de nos protagonistes. Ils vont pleurer, rire, s’entraider, passer par le passé et ne pas s’attacher à l’avenir. L’histoire ici ne fait pas dans le larmoyant (même si les frontières sont parfois minces) et c’est ça qui fait que ça marche.
Un voyage, des rencontres
J’ai adoré les personnages rencontrés au gré des milles et une routes de nos deux compères. Entre Joseph, père aimant, Myrtille qui est des plus attachantes, Sébastien qui découvre les merveilles de la vie ou Isadora et sa force tranquille, c’est aussi ces personnes qui donnent à cette histoire une densité, une humanité. C’est au travers de rencontres que notre vie n’est qu’intéressante et enivrante.
Dans les flashbacks, on en apprend plus sur ce qui a poussé Joanne a rejoindre Emile. On apprend qu’elle a perdu son fils Tom qui était « différent » des autres enfants mais aussi qu’il était fasciné par le bleu. C’est cet événement tragique qui la pousse à partir à l’aventure avec Emile. Le passé d’Emile est lui aussi décrit avec justesse et on remarque que la relation avec Laura, qui l’a affectée et l’affecte toujours lors de son départ, évoluera au fil du voyage. On ne voyage pas seulement sur les routes des Pyrénées mais aussi dans la vie des deux protagonistes.
Un livre rempli d’émotions
L’histoire pose une véritable question sur le sens même de l’existence et notre rapport aux autres. Ce roman veut qu’on accepte les personnes telles qu’elles sont, et qu’on se rappelle que la vie peut s’arrêter demain, c’est pourquoi il est important d’en tirer le meilleur, à chaque instant.
Entre moments de joie, instants difficiles et rencontres impromptues au milieu de la forêt, des montagnes ou encore de la mer, les personnages principaux passent par toutes les émotions, et nous aussi. Je me suis surpris à sourire, à avoir de la peine et même la larme à l’œil sur les dernières pages (bah quoi ?). L’irrémédiable issue est bien entendue triste, mais se vit dans une sorte de sérénité et d’apaisement, comme si le personnage avait fait « ce qu’il fallait pour être en paix » avant de partir. Et c’est là le tour de force de l’auteure, ne pas être tombée dans l’écriture d’un roman « à l’eau de rose » malgré l’emprunt des codes au genre.
Tout le bleu du ciel – Mélissa Da Costa
Une histoire emplie d’émotions…
Mélissa Da Costa
En résumé
« Tout le bleu du ciel » de Mélissa Da Costa est un excellent roman selon moi. Malgré quelques longueurs dans certains passages et un peu trop de références à l’Alchimiste de Paulo Coelho à mon goût, l’idée de départ est bonne et l’histoire bien développée, frôlant parfois avec le «larmoyant» sans jamais tomber dedans. On y aborde des thèmes comme la résilience, le deuil, l’autisme ou encore l’amour.
On s’attache rapidement à Emile, puis à Joanne, et à tous les autres. J’ai beaucoup aimé l’évolution de la relation entre les deux personnages et que dire du voyage en lui-même, j’ai été clairement embarqué dans leur formidable épopée. Bon sang, on a envie d’y croire à cette histoire : partir à l’aventure, visiter les magnifiques endroits décrits, rencontrer les personnes qu’Emile et Joanne ont croisé sur leur route ! Finalement, on se rend compte que l’aventure en camping-car n’est qu’un prétexte, Emile et Joanne vont surtout voyager au plus profond de leur âme, pour découvrir que la vie est bien plus lumineuse qu’il n’y paraît.
Je ne peux que recommander la lecture de ce livre. Même si vous n’aimez pas ce genre d’histoire habituellement, croyez-moi, vous allez voyager et peut-être même puiser une sorte d’énergie nouvelle une fois la dernière page achevée.
Florian Tritz 